Published On: mar, Sep 25th, 2018

Il était une fois « Quatre administrateurs à abattre ? »

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 Par Mustapha Jmahri (écrivain)—bb

 Dans le débat actuel sur l’état de notre administration, une question principale mérite qu’on y réfléchisse : comment protéger les éléments compétents pour éviter qu’ils ne démissionnent soit en recherchant un emploi à l’extérieur soit, face à l’incurie de certains dirigeants, en adoptant une attitude inactive  en interne ?

Retraité après avoir exercé plus de trente ans dans deux institutions et dans trois villes, j’ai constaté que l’administration marocaine, en général, n’a besoin que de compétences moyennes. Les personnes aux riches parcours n’y trouveront pas vraiment leur place. Il est, en effet, regrettable que de brillants cadres deviennent, du fait même de leur savoir, des indésirables aux yeux d’une certaine hiérarchie souffrant d’un manque de capacité.

Dans les années 90, j’ai connu, parmi le personnel d’un établissement, quatre administrateurs chevronnés, diplômés et expérimentés mais ils étaient injustement écartés des postes auxquels ils pouvaient légitimement prétendre. Ils étaient devenus les « quatre hommes à abattre » pour emprunter à Primo Zeglio le titre d’un de ses films quasi éponyme. La raison de cette hostilité n’était fondée que sur jalousie et pure haine. Ce quatuor, fort de ses convictions, était intransigeant sur certains points dont le principal est que les postes à caractère administratif, juridique et financier soient confiés, exclusivement, aux administrateurs et surtout ceux, parmi eux, aux profils adéquats. A l’époque, ces administrateurs avaient le choix entre deux voies : soit accepter le diktat du directeur et ses proches, soit dire Non face à cette partialité. Sans hésiter, ils avaient choisi la deuxième option.

Evidemment, le directeur utilisait son pouvoir discrétionnaire  pour nommer à différents postes des personnes qui lui convenaient. Certains n’avaient ni la spécialité requise, ni le charisme nécessaire, ni le diplôme équivalent. Le but de ce dirigeant : appauvrir pécuniairement ses contradicteurs et permettre à d’autres de cumuler les privilèges : villa de fonction, véhicule de service, indemnités conséquentes, déplacements, fournitures de bureau et bungalow estival pour la famille.

Le summum de la haine c’était quand les dispositions règlementaires furent détournées pour bloquer arbitrairement la promotion d’un cadre méritant au profit d’un privilégié. Cependant malgré cet acharnement aveugle qui a duré longtemps, le quatuor restait ferme sur ses positions. Autant dire que ce directeur au lieu de faire de la gestion saine, passait son temps administratif à régler des comptes. Le paradoxe c’est qu’il tolérait la présence des « bras cassés » dans sa boite plutôt que ces cadres consciencieux mais opposants.

Après ma retraite, un responsable sincère dudit établissement m’a confié qu’en fait c’est l’entourage proche du dirigeant qui lui souffle la ligne de conduite vis-à-vis de chacun. Cet entourage, m’a-t-il dit, défendait ses privilèges par tous les moyens y compris par le sourire « jaune », la parole mielleuse et le jeu du « double visage».

Ainsi sont la plupart des hommes et des femmes de l’administration, un monde sans scrupules ou presque.

jmahrim@yahoo.fr

 

 

 

 

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