Par Mustapha Jmahri (écrivain)

Des vétérinaires au Maroc sous le Protectorat français, tel  est l’intitulé d’un travail de recherche minutieuse publié en 2015 par le docteur vétérinaire Jamal Hossaini-Hilali, professeur de physiologie animale à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat.

Ce travail est venu à point nommé combler un vide flagrant dans l’histoire du Maroc au temps du Protectorat en général et tout particulièrement de l’histoire des sciences vétérinaires et de l’élevage. Basé sur des sources rares et dispersées, ce livre, en 190 pages, présente la genèse de l’installation des vétérinaires au Maroc et brosse le portrait d’un grand nombre d’entre eux qui ont exercé cette fonction dans notre pays de 1912 à 1956. Grâce à ce travail, le lecteur aura, par ailleurs, une vision plus complète de certains personnages importants dans l’histoire mouvementée du Maroc, au sujet du docteur Emile Eyraud par exemple connu à Casablanca dans le domaine du journalisme et de la politique. Ce vétérinaire, surnommé « le prince des ultras » par l’historien Charles André Julien, sera assassiné par des résistants marocains en 1954. L’ouvrage cite un autre exemple : Matteo Brondy, vétérinaire, qui figure parmi les plus grands artistes-peintres.

En lisant ce livre, je m’aperçois que je partage avec son auteur certains points communs : au niveau de la recherche, nous suivons la même démarche : nous ne nous contentons pas seulement de la documentation écrite, qui parfois peut faire défaut, mais nous privilégions en parallèle les contacts directs avec les personnes sources ou avec les témoins concernés afin d’apporter un éclairage supplémentaire à la question étudiée.

L’autre point commun que je découvre dans ce livre c’est le nom d’écrivains et de chercheurs que j’ai moi-même connus ou côtoyés : feu Ahmed Tafasca, qui fut mon professeur de presse écrite à l’Institut supérieur de journalisme de Rabat ; Peroncel-Hugoz qui a préfacé mon livre « Mazagan, mémoires partagées » ; l’amie Nelcya Delanoë, préfacière de mon livre sur l’histoire de la communauté juive d’El Jadida ; le docteur Maxime Rousselle et Marie-Claire Micouleau-Sicault, ces deux derniers m’ont apporté une aide précieuse dans ma recherche sur l’histoire de la médecine à El Jadida, ouvrage publié en 2015.

Comme le dit Claude L. Milhaud, le préfacier, l’ouvrage de Houssaini-Hilali nous conduit à nous interroger sur la petite histoire, celle des hommes et des femmes, ici des vétérinaires, qui, en dehors de toute option partisane, agissent avant tout par passion de leur métier.

jmahrim@yahoo.fr