Par Mustapha Jmahri (écrivain)–

L’écrivain Ahmed Marzouki était l’invité vendredi 18 mars 2017 de la librairie Abir à El Jadida. La rencontre était spécialement organisée pour la signature de son nouveau livre, un recueil de nouvelles en arabe, intitulé « Annaba al-Adim ». C’était également l’occasion, pour le public, d’apprécier la philosophie de vie de cet ancien détenu qui a passé la plus belle tranche de sa vie, 18 ans, derrière les barreaux dans l’anonymat le plus total. Mais paradoxalement c’était aussi l’occasion d’apprécier la bonne humeur de ce rescapé de la mort converti à l’écriture après sa sortie de prison.

Lors de cette sympathique rencontre culturelle, et en réponse à la question d’un étudiant parmi l’assistance, Marzouki, très décontracté, n’a pas hésité à répondre, en toute spontanéité, que « le Maroc est un paradis ». Il a d’ailleurs précisé qu’aujourd’hui il a un autre regard sur la réalité de la vie et du pays en général. Effectivement, par rapport à ce qu’il a enduré par le passé, il estime qu’aujourd’hui il vit « au paradis », puisqu’il peut se promener, voyager, rencontrer qui il veut, écrire, manger et boire à sa guise, et veiller tard ou dormir tôt. Ce sont là de petites choses qui peuvent paraître très banales et presque insignifiantes pour quelqu’un qui n’a jamais connu la privation de liberté que l’on éprouve en prison mais seuls ceux qui, comme lui, en ont souffert peuvent en connaître le vrai prix.

Ahmed Marzouki s’était fait remarqué principalement par son livre-témoignage « Tazmamart cellule 10 », près de cent mille exemplaires vendus, sorti en 2000. Dans ce roman l’auteur décrit les conditions abominables de son incarcération secrète. Alors que dans son deuxième ouvrage en arabe « Mihnat al-Faragh » il revient sur les problèmes socioéconomiques qui entravent la réinsertion des anciens détenus de Tazmamart.

La librairie Abir a organisé cette rencontre en collaboration avec ses partenaires notamment : la section locale de l’Union des Ecrivains, la Fondation Abdelouahed Kadiri, Salon Mazagan pour la culture, la section locale de la Ligue des Ecrivaines du Maroc et Madariss al-Jadida.