Published On: jeu, Mar 16th, 2017

Henri Benouaïch, premier dirigeant de Lepetit-Pharmaghreb à El Jadida

Share This
Tags

par Mustapha Jmahri (écrivain)—benouaich2

D’une famille authentiquement marocaine depuis plusieurs générations, Henri Benouaïch (Nino pour les intimes) est né à El Jadida le 24 juillet 1938. Sa famille, composée de cinq frères et sœurs, résidait dans un riad de la place Moulay Hassan. Cette demeure se trouvait entre le marabout sid-Daoui et la rue de la Goutte de Lait tenue par des sœurs. Dans sa vie, il dut connaître des difficultés assez tôt, non seulement du fait qu’il est né peu avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale mais surtout parce qu’il a perdu ses deux parents alors qu’il était encore jeune. Orphelin, il vivra des moments difficiles. L’adolescent fera cependant preuve de beaucoup de patience pour affronter les charges de famille. Puis, il a pu, par son courage et sa volonté, atteindre de très honorables fonctions sociales dans sa ville natale comme en France.

A El Jadida, il occupa des postes importants à la Conservation foncière, puis celle de géomètre au Service topographique chérifien (cadastre). Animé du désir d’apprendre sans cesse, il acquit une grande expérience du terrain et une connaissance approfondie du domaine foncier et de l’immobilier. Tout cela l’aida beaucoup dans sa vie. C’est ainsi qu’en 1963, sous l’impulsion du docteur Abdelkrim Khatib issu d’une grande famille de notables d’El-Jadida et de trois pharmaciens marocains (Chraïbi, Chaoui et Larbi Hassar), un groupe franco-italien Lepetit, branche pharmaceutique du groupe Ledoga, ayant à sa tête le baron Zerilli, décide de construire à El Jadida un grand complexe industriel moderne pour la fabrication de produits pharmaceutiques et d’antibiotiques devant rayonner sur toute l’Afrique. La société Lepetit fut créée à Milan en Italie en 1868. Depuis, en se développant, elle ne cessa de perfectionner son organisation industrielle, commerciale et surtout scientifique.

Pour la création de l’usine de production pharmaceutique à El Jadida, Henri Benouaïch a été sollicité par Monsieur Laghzaoui, président alors du B.E.P.I (Bureau d’études et de participations industrielles du Maroc), en vue de finaliser les accords avec les autorités italiennes et marocaines concernées. Le jeune Henri, qui n’a alors que 25 ans, s’attela à la tâche et put ainsi conduire la construction de l’usine. Le 8 octobre 1963, feu SM Hassan II procéda à la pose de la première pierre. Et c’est Henri Benouaïch qui eut la noble charge de commenter la maquette du projet au Roi. La société italienne a grandement apprécié le geste royal et a écrit sur la notice de promotion : «Sa Majesté Hassan II, en posant la première pierre du premier établissement pharmaceutique Lepetit en Afrique, a hautement honoré ce projet. Ce geste est apparu à Lepetit, non seulement comme le symbole de l’amitié italienne, mais aussi de la foi de l’Italie dans les destinées et la prospérité du continent africain ».

Henri Benouaïch assura d’autres responsabilités dans le démarrage de cette entreprise (aujourd’hui devenue Pfizer) qui a donné une forte impulsion économique à la cité d’El Jadida après l’Indépendance. Quelques années plus tard, Henri sentit que son rôle était terminé et, voulant découvrir d’autres horizons, il quitta le Maroc pour rejoindre le groupe Canto spécialisé dans les ports de plaisance de type marina nouvellement créés en France. Co-concepteur en 1966 du projet du Port de Menton Garavan situé à la frontière franco-italienne, il devint Président Directeur Général du complexe portuaire en 1996 non sans avoir enchaîné par d’autres créations de complexes portuaires à Saint Jean Cap Ferrat, à Saint Ambroggio en Corse, à Torre Molinos en Espagne, en Italie et en d’autres pays.

Henri Benouaïch fut également président de plusieurs sociétés d’études, d’équipements et de réalisations portuaires et touristiques (Certim – Serap) dont les activités sont axées sur l’occupation du domaine public maritime ainsi que sur tout ce qui concerne les bateaux de plaisance, les chantiers navals, les industries nautiques et le tourisme hôtelier de luxe. Cela assure ainsi à la France la présidence des hôtels du groupe voyagiste suisse Kuoni, notamment à Eze au-dessus de Monaco. Il a, par ailleurs, occupé des fonctions dans le domaine des cliniques médicales spécialisées dans l’obstétrique et la chirurgie à Nice où exerce son frère spécialiste gynécologue, obstétricien et dans de nombreuses associations professionnelles et syndicales.

Henri est détenteur de plusieurs distinctions : Magistrat consulaire honoraire (Président de chambre du Tribunal de commerce de Nice), chevalier de l’ordre du mérite maritime (2008), médaillé d’or de la Fédération nationale des ports de paissance (1992), médaille de reconnaissance de la ville de Saint Jean Cap Ferrat (1990), et médaille d’or de la ville de Menton (2017). Il est l’auteur du livre « Port de Menton Garavan – Menton et ses environs ».

Toujours amoureux du Maroc, et inconditionnel de sa ville natale Mazagan (El Jadida) où il comptait et compte encore de nombreux amis d’enfance, de collège et de parcours notamment Abdekrim Bencherki, la famille Khatib, Si Mohammed Fathi , la famille Kadiri, Seghini, le caïd Zelmat sans oublier Hmidou et Laalej pour ne citer que ceux d’El Jadida.

jmahrim@yahoo.fr

 

About the Author

-

laissez un commentaire

XHTML: You can use these html tags: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>