Par Mustapha Jmahri (écrivain)

 Il y en a des répliques célèbres qui vous restent en mémoire toute votre vie. Souvent ce sont des phrases d’une simplicité extrême mais d’un sens impitoyable. Des phrases qui vous reviennent à l’esprit quand vous vivez certaines situations ou lorsque vous êtes témoins d’un fait social. Dans mon expérience d’écrivain, je me suis rappelé notamment deux répliques célèbres dans les westerns : la première est : « Que personne ne bouge ! » et la deuxième « Montrez-moi la couleur de votre pognon ! »

Deux répliques, qui à la première lecture paraissent tout-à-fait banales mais qui sont, à bien y réfléchir, pleines de sens.

C’était l’époque des années 1960 et du début des années 1970. Nous étions un groupe de collégiens qui allaient presque chaque weekend au cinéma Paris à El Jadida. C’était aussi l’époque dorée des westerns avec de grands acteurs inoubliables tels : Kirk Douglas, Clint Eastwood, Yul Brynner, Telly Savalas, Steve McQueen, Robert Mitchum et bien d’autres. Des films comme « Le bon, la brute, le truand », « Rio Bravo », « Il était une fois dans l’Ouest », « Tuez les tous et revenez seul » et d’autres chefs-d’œuvre tout aussi séduisants et captivants les uns que les autres.

En me remémorant ces films aujourd’hui, je vois que la vie actuelle a changé certes de décor mais que la mentalité western n’a pas changée du tout. Elle reste peut-être hélas bien ancrée dans l’imaginaire d’une bonne partie des gens.

Pour me limiter à la sphère locale, il m’arrive d’entendre quelquefois certains « bras cassés », hommes et femmes, qui ont la langue trop bien pendue. Ceux-ci se lancent dans la critique systématique de tout ce qui bouge et veulent comme, dans les westerns « Que personne ne bouge ». Tant que personne ne fait rien, ils sont contents mais dès que quelqu’un se met à l’œuvre ou entreprend un projet, ils sont à l’affut « pour l’abattre ». Ils oublient le Hadith du Prophète Mohammed (Paix sur Lui) : « Celui qui croit en Allah et au Dernier jour, Laissez-le dire bon ou garder le silence ». D’autant plus que ces énergumènes ont l’habitude de profiter de tous et des autres sans jamais mettre la main à la poche. Ils sont les adeptes de la culture du « fabor » en toutes occasions et en toutes directions. Alors un conseil sous forme de réplique western « Montrez-nous d’abord la couleur de votre pognon ». Et si vous êtes en faillite moralement ou financièrement, et bien gardez le silence. Au moins vous aurez conservé un minimum de décence.

jmahrim@yahoo.fr