Published On: ven, Juin 24th, 2016

El Jadida: Bouderie dans la commune

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     Par Ahmed BENHIMA-_-

Je suis un citoyen  profondément  déçu par  le rendement des élus  de ma commune. Je leur avais  pourtant fait  confiance et leur avais accordé ma voix. Aujourd’hui, je m’en veux  d’avoir  facilement cru à leurs promesses  et me promets, la prochaine fois, de garder ma voix dans ma gorge ou de “la rendre ”.

Quand  j’ouvre mes yeux, je  ne vois, aussi loin qu’ils peuvent voir,  que   désordre  urbanistique. L’individuel et le collectif, le domestique et le commercial, le résidentiel et l’économique s’alignent  et  s’entremêlent  jusqu’à tant qu’on ne fait plus la différence. Les quartiers sont des ensembles disparates de formes, de niveaux et de genres.  Voies exigües,  comme si le parc automobile qui se gonfle n’était pas prévisible. Absence  systématique et totale  d’aires de jeux pour  les enfants qui constituent pourtant plus de la moitié  de la population. Le savent-ils ?  S’ils ne le savent pas, c’est gravissime. Absence totale et systématique d’espaces verts pour les habitants. Croient-ils que c’est inutile ? Ce n’était sûrement pas l’avis  du protectorat qui  nous a  légué deux parcs splendides (ils sont en train de rendre l’âme par manque flagrant de soins et d’entretien)  et de superbes rangées de palmiers (ils survivent encore par leur propre force).  Mais  si par hasard ils en créent  discrètement  un petit bout, ils  l’abandonnent  si vite et si bien que nous  regrettons  d’en avoir un jour rêvé.  On ne voit, de tout côté, que le bitume  noir,  le béton armé,  gris et sombre  qui envahit toutes les surfaces, ou des terrains vagues jonchés d’ordures. Absence, enfin, de toilettes publiques. Croient-ils  que c’est un luxe ? Ceux qui ont pour charge de veiller sur des  cités où se meuvent des dizaines de milliers de personnes  et qui les font sans « chambres de réconfort » (   بيوت الراحة) ne sont pas faits  de la même chair que nous ou ne se soucient pas de notre confort ou sont totalement insensés. Mais quand les crises se déclenchent, à défaut de lieux appropriés, on se rue  sur les  lieux adaptés et on s’y soulage. Ils sont  d’ailleurs  ironiquement annoncés par des enseignes de fortune, sur les murs ou sur des pancartes : «Ici, il est interdit  de…et de… ». Alors, on comprend  que c’est bien ici qu’il faut le faire. Personne ne se trompe et personne ne se retient.

Des travaux importants de réfection et de réaménagement avaient démarré peu avant les élections municipales. Etait-ce prévu par un calendrier quelconque  ou ce n’était qu’une simple coïncidence ? Passé l’événement, les chantiers  se sont  subitement arrêtés. Animés quelques semaines plus tôt, ils sont  actuellement désespérément stagnants. Se réanimeront-ils encore ? Dieu seul le sait. Et comme pour rajouter malchances  aux malchances,  des carrefours rassemblent des équipes entières de mendiants, nationaux et étrangers, qui assaillent les automobilistes, des feux de signalisation sont en panne,  des priorités ne sont pas indiquées, des troupeaux  de bêtes, apparemment sans propriétaires,  et des meutes de chiens errants  s’emparent d’avenues entières et n’en font qu’à leurs têtes. Eux, ils se moquent des élections, Ils  se moquent  des électeurs et  se moquent des élus.

  Pauvre cité.   Les architectes qui  l’avaient amoureusement dessinée, bâtie, parée et dotée de tout ce qu’il fallait pour  justifier son entrée dans le  XXè siècle ne s’imaginaient pas que des élus d’un autre temps, allaient  la ruraliser  et  la défigurer jusqu’à  la rendre  complètement méconnaissable. Ses chaussées centrales sont  définitivement  livrées  aux commerces hétéroclites, au vu et au su de tous les responsables.  Partout, elle  offre  des spectacles insolites de foires  anarchiques, de souks  de campagnes pour foules hystériques. Maintenant, les commerçants  annexent  des trottoirs et interdisent, dans le déni total des lois, le stationnement des voitures.  Des individus  s’improvisent gardiens par le seul port de gilets jaunes,  se substituent à l’Etat  et imposent    « des droits  »   de parking à tout endroit.

Mais enfin, y-a-t-il un œil qui veille sur nos communes  et sur leur gestion? Où sont passés nos élus ? Qu’ont-ils fait de leurs promesses et de leurs projets ?  Y-a-t-il une autorité qui les suit et les contrôle ? Où veulent-ils en venir ? Oseront-ils se représenter une autre fois ? Et avec quels discours  et avec quels engagements?  Ils ont prouvé  et prouvent encore qu’ils ne sont capables d’offrir que des services médiocres, que des cités tristes, espaces géants de misère et de  mal-vivre. Moi, je me détourne d’eux et adhère  aux vues et aux ambitions royales  qui aspirent à des cités modernes où il sera facile et agréable de vivre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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