Published On: lun, Jan 12th, 2015

Sage-femme : Le plus beau métier au monde

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sagePar:Ouardirhi Abdelaziz   (Albayane)

On a l’habitude de dire qu’il n’y a pas de sot métier. C’est en partie vrai, du moment que le travail que nous faisons nous plaît et que nous le réalisons avec plaisir, joie, dextérité et abnégation. Chacun de nous porte un jugement personnel, particulier sur les différents métiers qui sont couramment pratiqués chez nous au Maroc. Les avis sont multiples et variés. Chacun penche pour ce qu’il croit comme étant le métier le plus valorisant. On aime bien, un peu, ou pas du tout. Mais il n’en reste pas moins qu’il est incontestable que le plus beau et le plus noble métier au monde, c’est celui de sage femme. Mais qui sont ces femmes dont la vocation professionnelle est d’accueillir la vie ?

Quelles sont les spécificités de leur métier ? Quels grands défis doit relever constamment cette profession ?
Il est essentiel de faire le point sur une profession  qui reste pour bon nombre de nos concitoyens méconnue, alors que le métier de sage-femme mérite  amplement d’être distingué des autres métiers et professions de santé. Quand on interroge les sages-femmes sur leur métier, celles-ci sont quasi  unanimes pour  reconnaitre qu’elles  éprouvent  un besoin et un désir légitime de  mieux voir leurs compétences  professionnelles  reconnues par toute la population.

Un métier auréolé

Il faut savoir que la profession de sage-femme est très ancienne, que celle-ci occupait une place privilégiée dans les sociétés humaines depuis la haute Antiquité. Son rôle à la fois médical et social a fait d’elle la première protectrice desmères et des enfants. Tour à tour « prêtresse », « donneuse de vie », « druidesse », « leveuse », »ramasseuse », « ventrière », « matrone », « accoucheuse » puis sage-femme, elle est sans doute,une des figures les plus universellement connues dans les collectivités humaines depuisl’Antiquité.
Cette reconnaissance pour celles qui donnent la vie est de nos jours reconnue par tout le monde et à travers tous les pays de la planète. D’ailleurs, une journée internationale dédiée à  la sage femme conforte cette position. De ce fait, il n’est pas exagéré de dire que très peu de métiers sont auréolés dans l’opinion publique d’une acception aussi positive. La préparation et l’accompagnement d’une naissance ont besoin d’une présence, de compétences et l’expérience pour avoir toutes les chances d’aboutir en heureux évènement.
N’est pas sage-femme qui veut. Dans le répertoire des plus beaux métiers du monde, celui de sage-femme occupe indéniablement la première place. Il est vrai que c’est un métier noble, plein de valeurs humaines, de générosité, de dévouement, d’altruisme, c’est pourquoi il est préférable de dire que l’on choisit de devenir sage-femme par vocation. Au-delà de toutes ces valeurs qui symbolisent le plus vieux métier médical du monde que connaît-on vraiment des sages-femmes? Que sait-on de celles qui prennent en charge des centaines de milliers de naissances par an? Cette profession comporte de multiples facettes et est encore trop méconnue du grand public.
Pour le grand public, toute personne qui porte une blouse blanche à l’intérieur d’un hôpital est une infirmière, ce qui bien entendu est totalement faux car il y a aussi les médecins, les infirmiers, les techniciens de radiologie, de laboratoire, les étudiants en médecine, les étudiants des IFCS… Concernant la sage-femme et l’infirmière cela nous amène à dire que pendant longtemps, infirmières et sages-femmes ont été comprises comme des professions interchangeables et similaires. Or, dans la réalité, les deux métiers sont complètement différents. L’infirmière soignante s’occupe des soins qu’elle dispense aux patients hospitalisés au niveau des différents services hospitaliers, alors que la sage-femme occupe une place à part dans le monde des soins de santé, même si les deux professions appartiennent au même univers et qu’infirmières et sages-femmes partagent le même terrain de travail.
Mais il faut savoir que ces deux métiers sont différents, tant en termes de formation que de compétences.

Une formation spécialisée

Pour un très grand nombre de citoyens qui vont aux hôpitaux ou les cliniques, il n’y a aucune différence entre une infirmière, une accoucheuse ou une sage-femme. Cela équivaudrait à dire qu’il n’y a aucune différence entre un sergent, un capitaine et un général. Ce genre d’amalgame, de confusion peut avoir de lourdes conséquences. C’est en grand partie ce qui explique certains dérapages. S’agissant de la sage-femme de son rôle et des missions qui sont les siennes, il faut savoir que dans le cadre de la maternité sans risque et afin de rendre la maternité plus sûre, il est indispensable qu’un professionnel de santé qualifié soit présent lors de l’accouchement, que ce soit au niveau des maternités des hôpitaux publics ou au niveau des cliniques privées.
De ce fait, il est fort utile de rappeler ici qu’il est indispensable de distinguer entre une accoucheuse qui apprend sur le tas, celle-ci pouvant être une infirmière auxiliaire qui doit assurer le service d’aide soignante et une infirmière diplômée d’Etat soignante (Bac + 3) qui a une expérience sur le terrain, et la sage-femme qui a suivi un programme de formation reconnu, bac plus 3 années de formation scientifique au sein d’une école spécialisée, créée par le ministère de la Santé.
Si dans les faits, l’accoucheuse et l’infirmière diplômée d’Etat soignante participent et assurent certains accouchements, dans la réalité et légalement parlant la sage-femme est la seule professionnelle de la santé qui n’est pas médecin mais qui est autorisée à suivre une grossesse, réaliser un accouchement.

Un métier confronté à d’énormes problèmes

Etre sage–femme est certes le plus beau métier au monde car quoi de plus excitant, de plus palpitant que de mettre au monde des bébés. C’est le sens même de la vie. Sans sage–femme on ne voit pas comment le monde pourrait évoluer. Mais être sage-femme n’est pas une sinécure. Bien souvent cette professionnelle de santé, dévouée,  très compétente peut se retrouver face à la justice, surtout quand un accouchement censé être normal tourne au drame. Pourtant, ces professionnelles jouent un rôle prépondérant dans la réduction de la mortalité maternelle  et infantile. On se souvient tous des nombreuses  affaires  qui avaient  éclaté en 2012,  et le malaise qui avait  parcouru les sages-femmes, une situation qui n’avait  pas laissé insensible le ministre de la Santé, qui faut-il le rappeler ici avait  pris la défense des sages–femmes, surtout en cas de poursuite judiciaire.
Aujourd’hui, pour que la sage-femme travail dans des conditions sereines, et leur  nouveau  statut est de nature à leur  assurer lus de  protection et de sécurité. Le nombre de sages-femmes au Maroc s’élève à 4.000, alors que notre  pays enregistre près de 600.000 naissances par an. Ce chiffre fait ressortir les difficultés qu’elles peuvent rencontrer pour effectuer leur travail dans de bonnes conditions. Il faut savoir qu’elles sont 4 sages-femmes pour 1.000 naissances, alors que les normes de l’OMS préconisent 175 accouchement par sage-femme/an.

Une profession qui mérite plus de considération

La profession de sage-femme est une profession  réglementée, c’est-à-dire dont l’exercice est encadré par la loi et les règlements. A ce titre, la profession est encadrée, protégée, interdisant à toute personne non titulaire du diplôme d’Etat de sage-femme et ne remplissant pas les conditions prévues par la loi et le règlement de pratiquer les actes réservés à cette profession. Mais il n’est pas rare que dans certaines cliniques privées, des femmes faisant fonction d’infirmière qui ont été formées au sein de ces mêmes cliniques pratiquent des accouchements. C’est un élément qui nuit gravement à cette profession, à ce métier noble.
Aujourd’hui, au détour d’une rencontre avec un groupe de sages-femmes, toutes exerçant au niveau du secteur public (maternité) et dans le but de mieux cerner leur émotions, satisfactions et craintes, nombreuses sont celles qui se plaignent que leur métier, du stress quotidien, des gardes longues et pénibles, de la charge de travail parfois rebutante et du peu de reconnaissance. Toutes souhaitent une revalorisation de leur profession. Beaucoup éprouvent même del’amertume devant le peu de considération pour le métier dont elles sont fières.
Pour notre part, nous encourageons et soutenons toutes les sages-femmes, auxquelles nous vouons estime, respect et considération pour l’inestimable œuvre qu’elles accomplissent chaque jour en donnant la vie à des milliers de Marocaines et de Marocains au niveau des différentes maternités du Maroc  et ce dans d’excellentes conditions de sécurité pour le nouveau-né et pour sa maman . Pour tout cela , nous  disons à nos sages-femmes merci .

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Displaying 1 Comments
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  1. Bonjour,
    J’aime lire cet article, dans le monde entier, et dans des conditions parfois très dures pour les mères aussi, ce monde de femmes n’est que professionnalisme;
    Comme vous le dites si bien « les sages-femmes mettent au monde les petits d’hommes. » cela n’est pas rien, nous leur devons considération et reconnaissance tout simplement.
    Merci de respecter la liberté d’expression dans votre journal.

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