Par Mustapha Jmahri–

L’artiste-peintre et réalisatrice française Nicola L. est morte à Los Angeles le 31 décembre 2018. Quasi inconnue en France, elle était née en 1932 ou en 1937 à Mazagan-El Jadida. Elle se nommait alors Nicola Lethe. Ayant épousé en 1956 le galeriste bruxellois Fred Lanzenberg, dont le nom commence par la même lettre, elle en avait gardé l’initiale.

Nicola L. apparaît telle une pionnière qui, dès le début des années 1960, a pratiqué indifféremment plusieurs médiums : la sculpture, la peinture et le collage, tout en s’essayant à la performance et au film. Au début de sa carrière, elle partage son temps entre Paris et Ibiza en Espagne.

Elle avait fait ses études à l’académie Julian et à l’école des Beaux-arts de Paris, où elle a pratiqué la peinture dont elle s’écarte à partir de 1964. Une décision prise après le suicide de l’artiste argentin Alberto Greco qui l’avait interrogée : « Comment peux-tu peindre comme ça aujourd’hui ? ». En réaction, Nicola L. brûla toutes ses peintures abstraites et s’engagea dans un travail autour du corps et de la peau. Dans ce nouveau domaine, le rôle du corps dans la compréhension du monde  est essentiel. Elle traduit cela dans sa série de corps-meubles exposés chez Daniel Templon en 1969 : un pied-canapé, des lèvres ou un œil devenus lampes, La Femme commode ou Petite-Femme-télévision.

Proche du courant des Nouveaux Réalistes, elle découvre à New York de nouveaux matériaux (vinyle, plastique) et s’installe définitivement en 1979 au mythique Chelsea Hôtel où elle se consacre au cinéma avec des portraits des activistes Kate Millett, Stokely Carmichael ou Angela Davis. Son travail a fait un retour triomphal ses dernières années, des galeries Patricia Dorfmann à Paris (2006) à Hauser & Wirth en Suisse (2016), et avec une rétrospective en 2017 au Sculpture center de New York.

jmahrim@yahoo.fr