Published On: jeu, Mai 9th, 2019

Khadija Doukkali, six ans déjà

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Par Mustapha Jmahri (écrivain)

C’est en 2009, dans la villa du journaliste Michel Amengual à Sidi Bouzid, que j’ai rencontré, pour la première fois, feue Khadija Doukkali. Cette franco-marocaine accompagnait Thierry Plantevin, élu conseiller à l’Assemblée des Français de l’Etranger sur la liste de l’UMP et dont elle était la suppléante. Le but de leur visite à Michel Amengual s’inscrivait dans le cadre des préparatifs à la participation de leur mouvement aux élections françaises. Étant Marocain, cette rencontre ne me concernait pas mais j’en ai profité pour lui demander si, comme son nom l’indiquait, elle était bien originaire des Doukkala. C’était le cas puisque  Khadija Doukkali est née le 21 mai 1962 à El Jadida d’un père marocain et d’une mère franco-algérienne. Quand Michel Amengual lui parla de mes livres sur sa ville natale, elle a manifesté un réel intérêt et m’en a commandé aussitôt quelques exemplaires. Elle m’informa également qu’au début des années 1960 son père exerçait à sidi Bennour.

J’ai quitté Michel Amengual et ses hôtes pour les laisser discuter à leur aise et ce fut la dernière fois que je vis Khadija Doukkali puisque j’ai appris par la presse qu’elle s’était éteinte à Paris, en septembre 2013, des suites d’une crise cardiaque à l’âge de 51 ans et qu’elle avait été inhumée au Maroc.

Ses liens avec la France tiennent à son lignage maternel. En effet, sa mère, Farida Mohamedi est née le 1er décembre 1938 à El Jadida. Son grand-père, Mohamed Mohamedi, né en 1896 à Tlemcen, était propriétaire agricole et avait été correspondant du journal Le Monde pendant de nombreuses années. Quant à son arrière grand-père, Younes Ghali, né en 1871 à Oran, il avait intégré la gendarmerie française et avait été naturalisé Français par décret présidentiel du 11 janvier 1908.

Khadija Doukkali a suivi ses études au lycée Lyautey de Casablanca. Une fois bachelière, elle entama des études supérieures aux Etats-Unis d’Amérique à la School for International Training à Brattleboro dans l’état du Vermont et à l’université de Boston. Elle a également obtenu le diplôme de management à l’ISCAE de Casablanca, un DEA en stratégie financière et industrielle internationale à l’Université de Paris XIII et un Exécutive MBA à Paris. La défunte occupa d’importantes fonctions dans le secteur privé : Administrateur directeur général de la Société de pêche hauturière (P.E.V.A.P) de 1994-2006, Présidente de la Fédération des industries de la mer (CGEM) de 2003-2006, et enseignante universitaire à l’ISCAE. Dans la foulée, elle cofonde l’Association des femmes chefs d’entreprises où elle a occupé le poste de secrétaire générale pendant cinq années.

Unique femme armateur de pêche hauturière au Maroc, elle ne s’est pourtant jamais définie comme une féministe. En 2006, alors qu’elle était accusée d’avoir laissé sa flotte de pêche hauturière ainsi que ses marins à l’abandon, elle clama son innocence et finit par partir au Canada, ce pays qui lui a donné le goût de la politique.  C’est au Canada, qu’elle devint déléguée-adjointe de Nicolas Sarkozy pour l’élection présidentielle de 2007. Elle s’est, ensuite, portée candidate de l’UMP aux législatives pour la 9ème circonscription des Français de l’étranger (Afrique du Nord et Afrique de l’Ouest). Khadija Doukkali est l’exemple type de la double culture marocaine et française qu’elle incarnait de façon remarquable.

jmahrim@yahoo.fr

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