Published On: sam, Déc 8th, 2018

L’attente interminable dans les cabinets médicaux

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Par Mustapha Jmahri (écrivain)__

L’attente interminable dans les cabinets médicaux

Le leader politique marocain maître Abderrahim Bouabid (1922-1992) aimait souvent préciser, dans ses discours, qu’on peut mener de bonnes réformes  ou appliquer des améliorations de service sans engager aucune dépense. Il y a, en effet, des réformes qui ne nécessitent pas un seul dirham et qui auraient un impact positif sur les Marocains. Il est en effet très regrettable de constater qu’au niveau de l’ensemble de l’administration marocaine, comme d’ailleurs dans le secteur privé, cette réflexion positive reste sans écho. Je ne donnerai comme exemple que la demande préalable de rendez-vous pour régler une affaire administrative  ou pour demander un service.

J’ai pensé à cela, lors de mes voyages en France, où, à deux ou trois reprises, j’ai dû fréquenter le cabinet d’un médecin. A chaque fois que la secrétaire me conduisait en salle d’attente, je la découvrais vide ou presque, souvent un seul patient, parfois deux au maximum. Ce n’est pas parce que les Français ne tombent pas malades, mais parce que chacun arrive à l’heure qui lui est indiquée. Ainsi, le patient reste libre de ses mouvements toute la journée pour vaquer à ses autres occupations. Ainsi quand un patient s’en va, le médecin peut inviter le patient suivant à entrer. Dans le calme absolu du cabinet, d’une blancheur parfaite et au son d’une musique douce, on a le sentiment qu’ici personne n’est malade. Chaque patient arrive à son rendez-vous fixé à l’avance au quart d’heure près.

Par comparaison, au Maroc, et précisément dans ma ville, je suis souvent témoin d’une scène qu’on peut considérer comme insolite ou aberrante. Non seulement j’en ai été témoin mais je l’ai aussi vécu en accompagnant un membre de ma famille. Généralement, les patients qui vont consulter un médecin commencent à arriver le matin dès 7.30h devant le cabinet de leur choix. Alors que tout est encore fermé, l’un d’eux, qui sait écrire, établit une liste pour inscrire les patients selon l’heure d’arrivée de chacun. Quand l’infirmière arrive vers 8.30h, elle prend le relais et établit sa liste personnelle qu’elle complète au fur et à mesure de l’arrivée de nouveaux patients. Vers 10h le docteur arrive et la secrétaire fait entrer les patients à tour de rôle.

Cela veut dire une chose : un patient peut arriver le matin à 7.30h mais ne sera vu par le docteur que vers midi ou plus. Cela dépend de plusieurs paramètres : heure d’arrivée du médecin, le numéro du patient sur la liste et le nombre total des malades, alors que certains ne viennent que pour un contrôle ou pour apporter le résultat d’une analyse sanguine demandée auparavant. Ajoutons à cela, l’arrivée inopinée de cas urgents.  Avec une quarantaine de patients ou plus, la salle d’attente devient un vrai souk. Récemment, l’un de mes proches a attendu son tour de 8h à 13.30h comme s’il était réquisitionné ou gardé à vue. Il fut alors examiné par le médecin et il avait, bien sûr, le moral en berne. Ne serait-il pas plus judicieux de procéder plutôt par rendez-vous pris au préalable pour éviter ces attentes interminables et ces pertes de temps inutiles ? Comment peut-on concevoir qu’un patient attende son tour pendant presque 6 heures pour une visite médicale de 10 minutes ? Pourquoi aime-t-on importer de France les portables, les ordinateurs, le fromage, les parfums et tant d’autres produits et non pas les bonnes manières et les petits gestes faciles et positifs ?

On est presque en 2019, et il n’est jamais trop tard pour bien faire. Ça ne coûterait rien d’organiser le travail et de rendre service aux malades dans la joie et la bonne humeur.

 

jmahrim@yahoo.fr

 

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