Par Mustapha Jmahri (écrivain)…

Roland Wimmer était professeur de langue française à El Jadida au lycée ibn Khaldoun. La génération des années soixante-dix se rappelle de cet enseignant courtois et d’une grande culture. Roland Wimmer est décédé à Belfort, sa ville natale, en février 2018. En ma qualité d’un de ses anciens élèves (en 1968-69), je souhaite lui dédier cet article en forme de très sincère hommage.

Roland Wimmer est né le 6 mars 1937 à Belfort dans une famille de sept enfants. Il a fait sa scolarité en Alsace puis à Fribourg en Suisse et des études supérieures de philosophie au Luxembourg. En 1958, il effectue son service militaire en Algérie et, à son retour en France, il débute comme enseignant de français et de philosophie à Belfort jusqu’en 1967.

Mais Roland pensait toujours à l’Afrique du Nord, aussi voulut-il y retourner afin de faire profiter ses élèves d’un enseignement utile pour préparer leur vie d’adulte.

En septembre 1967, Roland et son épouse sont donc partis vers le Maroc avec un contrat de deux ans. Ils avaient à l’époque deux enfants. Par surprise, comme dit son épouse, ils se retrouvent à Youssoufia où Roland a enseigné une année au collège Kachkate. Durant cette première année, les époux ont sillonné les routes de la région, Marrakech, Casablanca, Safi et El Jadida. Et là, dans cette dernière ville, ce fut le coup de cœur.

Après quelques démarches, Roland fut nommé à El Jadida au lycée ibn Khaldoun où ses anciens élèves se souviennent certainement de sa célèbre phrase : « Je vise l’efficacité ». Puis il fut nommé au lycée Chouaib Doukkali où il resta jusqu’en 1980, date de son départ définitif du Maroc. Depuis 1968, son épouse travaillait à l’école primaire Jean Charcot, d’abord comme aide-maitresse avec Lydie Gaillard, puis chargée de classe prématernelle et cela jusqu’en 1980.

Le couple s’était lié d’amitié avec Jacques Bernard, directeur de l’école Charcot, qui venait lui aussi de Youssoufia, et dont l’épouse, Arlette, était infirmière à l’hôpital d’El Jadida auprès du docteur Tahiri. Nombreux étaient leurs amis : Si Mohamed Akazou et son épouse Malika, professeur au lycée ibn Khaldoun, et bien d’autres enseignants : Daniel Vonnier, Francis Doll, Robert Bonneau, Paola Argiratos, Mme Vinay, Michel Rodier et M. Devick.

Le couple habitait dans la rue Joseph Le Brie (devenue rue du Nil) à quelques mètres seulement de la demeure de fonction du gouverneur de la ville. Dans cette même rue résidait la famille Colina et les Michelin dont la villa faisait l’angle avec l’avenue montant du cinéma Marhaba vers le Plateau.

Mme Wimmer se rappelle de leur vie paisible à El Jadida ponctuée par des escapades à sidi Bouzid, des séances au cinéma Paris où Mme Dufour, la propriétaire, siégeait devant l’entrée. Mais ce qui a marqué le couple, selon Mme Wimmer, c’est l’hospitalité, le naturel, et la bonté des habitants en ville comme en médina. Roland faisait partie des associations de parents d’élèves et des Amis du théâtre où il retrouvait des collègues marocains.

En juillet 1980, le couple quitta définitivement El Jadida et le Maroc. Roland Wimmer fut nommé principal adjoint à Reims. Il s’est consacré totalement à ses fonctions jusqu’à son départ à la retraite à Belfort.

Mme Wimmer aime rappeler ce que lui répétait souvent son époux « on était des nomades, mais nous ne regrettons rien, nous avons vécu des moments intenses, au milieu de personnes aux mentalités différentes et de sociétés diverses mais, au final, ce fut un incroyable enrichissement ».

Roland Wimmer est décédé à Belfort le 5 février 2018. Son souvenir reste vivace dans le cœur de ses anciens élèves des deux collèges de la ville d’El Jadida où il a su insuffler son amour pour la culture et la connaissance.

jmahrim@yahoo.fr