Published On: mar, Fév 13th, 2018

Bribes de souvenirs d’un résistant

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 Par : Abousalma—–

Agé de 98 ans, Hadj Abderrahmane Kholqui se rappelle encore avec beaucoup de nostalgie des évènements phares ayant marqué son parcours de résistant.

Dans un entretien accordé à notre site électronique, il déclare être heureux et honoré d’avoir côtoyé des femmes et des hommes, figures de proue de la résistance, dont la plupart ont payé de leurs vies pour l’indépendance du Maroc.

Ssi Abderrahmane est né début des années 1920 dans la région de « Sekkoura », Province de Ouarzazate.

A l’âge de vingt ans, il se rend à Casablanca où il est engagé par une entreprise Italienne comme maçon.

Début des années 1950, il adhère au parti de l’Istiqlal. Il a eu pour accompagnons Al Mardi Al Habti, Belahcen Dadssi, Omar Naki, entre autres, résistants établis à Casablanca.

Ssi Abderrahmane se rappelle que Dadssi, enseignant de la langue française, avait l’habitude de  faire le tour des commerçants de « Derb Omar » pour collecter auprès d’eux des sommes d’argent en guise de soutien aux futurs résistants en particulier et à la cause nationale en général.

Ces derniers tenaient des réunions hebdomadaires de coordination, après la prière du « Moghreb » dans des lieux différents pour se mobiliser et se préparer à passer à l’action. Car ils sentaient le danger guetter le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef.

En effet, le 20 Août 1953, journée de l’Aid El Kébir, les autorités françaises du Protectorat, ont procédé à la déposition du Sultan pour l’exiler avec sa famille loin du Royaume Chérifienne dans une opération qualifiée de forcée.

C’est ainsi que des noyaux de résistants se sont constitués pour passer à des actions armées. Leur premier souci était de trouver des armes.

Le noyau dans lequel Ssi Abderrahmane opérait a pu disposer dans un premier temps de quatre pistolets achetés par notre résistant auprès d’un trafiquant d’arme Marocain.

Sa sœur qui travaillait chez un colon Français a pu lui voler son propre pistolet et le remettre à son frère.

En parallèle, d’autres résistants dont la plupart étaient des artisans, procédaient à la fabrication d’armes artisanales pour renforcer leur modeste arsenal.

La cellule au sein de laquelle notre résistant opérait se composait de trois éléments dont El Habti et Hadj Bouhali en plus de notre résistant. Quinze autres éléments opéraient sous l’ordre de cette cellule dans toute discrétion.

Notre résistant déclare que cette cellule a exécuté une dizaine de personnes entre officiels Fra         ncais et traitres qui « collaboraient » avec les autorités du Protectorat.

La maison de Hadj Kholqui servait de lieu de rencontres discrètes pour plus de planification, de coordination et de mobilisation de nouveau éléments.

L’autorité coloniale a encaissé coup après coups. Ce qui l’a amenée à mener de grandes opérations musclées pour mettre la main sur les instigateurs. C’est ainsi qu’elle a réussi à arrêter Moulay Abdessalam Jebli, Fquih Basri, M,barek Ouardani, Hassan Sghir …

Au cours d’une série d’enquêtes et d’opérations de torture, le nom de la cellule El Habti a été soufflé.

Ayant appris l’arrestation, fin décembre 1945 de Al Mardi El Habti chez lui où il conservait en toute discrétion armes et munitions, Hadj Kholqui et ses acolytes, Abderrahmane Sahraoui et Omar Naqui on prit la fuite pour se diriger vers la zone d’occupation Espagnole.

Ils ont été arrêtés à l’entrée du centre de Tissa, région de Fès. Comme ils avaient pris l’habitude d’avoir toujours sur eux des gélules poison, ils ont préféré de s’adonner à la mort en martyrs que de subir l’humiliation, la torture et, par conséquent, l’aveu en faisant balancer sans le vouloir les noms d’autres résistants.

Abderrahmane Sahraoui a succombé à sa tentative alors que les autres ont été dépêchés d’urgence vers l’hôpital de Fès et delà à Casablanca après de longues séries d’enquête et de torture.

Un avocat Français du nom Charles Lucarne s’est volontairement proposé pour assurer leur défense. Ils ont été incarcérés dans la prison de « Ghbila » pendant trois mois sans jugement.

Ensuite, ils ont été transférés à la prison centrale de Kénitra où ils ont tenté de s’évader, laquelle tentative a voué à l’échec.

Seul Hadj Kholqui a réussi à prendre la fuite pour se diriger vers la zone d’occupation Espagnole, et adhérer aux forces de l’armée de libération avec à sa tête feu Dr. Abdelkrim Al Khatib.

Il convient de signaler enfin que Hadj Abderrahmane est père de trois enfants, deux filles et un garçon. Ce dernier a fait une brillante carrière en tant qu’officier supérieur au sein des forces armées royales avant sa mise à la retraite début 2013.

Après l’indépendance, Hadj Abderrahmane a intégré le corps de la sureté nationale à l’instar d’un bon nombre de résistants où il a exercé jusqu’au son départ à la retraite en 1980.

nn

 

 

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