Par Mustapha Jmahri (écrivain)

En se rendant dans certains anciens édifices de la ville d’El Jadida, le visiteur remarquera sur les plaques en marbre, accolées sur les façades, le nom de l’ingénieur en chef Fréderic Bonnet. Cet ingénieur de Travaux publics était arrivé à Mazagan au début du Protectorat et c’est ainsi qu’il a participé ou supervisé la création de routes, de voies, d’égouts, du phare sidi Bouafi, de la jetée du port et d’autres travaux publics. Mais son nom reste attaché surtout au premier plan d’aménagement et d’extension qu’il a conçu pour la ville en novembre 1916.

Mais qui était Fréderic Bonnet ?

Né en Haute-Loire, le 23 mai 1867, l’ingénieur Frédéric Bonnetest décédé le 25 février 1931, à Chartres. Il débuta dans l’Administration, en 1886, comme employé secondaire. Nommé Conducteur en 1893, il participa, en qualité de Chef de section, à la construction du chemin de fer de la Loupe à Brou. Entré, comme élève externe, à l’Ecole des Ponts et Chaussées, en 1900, il en sortit premier et fut chargé de l’arrondissement de Gien. Passé à Montargis, en 1904, il conçut et réalisa le renforcement de l’alimentation du canal d’Orléans par relèvement électrique, de bief en bief, d’eau prise en Loire, à Combloux. Dans ce même poste, il se signala par le rétablissement, très rapidement effectué en régie directe, d’un bief du canal du Loing, emporté, sur une longueur de 300 mètres, par l’effondrement du coteau de Lorroy (21 janvier 1910). A Bône, de 1911 à 1914, Bonnet fit exécuter de nombreux travaux, notamment ceux de dessèchement de trois lacs.

Au Maroc, de 1914 à 1918, il organisa le service des Travaux Publics dans la région Sud, où il fit construire, en régie directe pour plus des deux tiers, 700 kilomètres de route. Il dirigea, en même temps, la construction des ports de Mazagan, Safi, Mogador, de l’appontement et de la jetée d’Agadir, des phares du cap Cantin, de Mazagan et du cap Sin, des réseaux d’égouts et d’adduction d’eau à Mazagan, Safi et Mogador. Bonnet fut promu Ingénieur en Chef en juillet 1918.

En 1919, il fut chargé en France, comme Directeur Général, des services techniques de reconstitution du département du Nord. Ces services comportaient, notamment, la remise en état du sol, les déblaiements, la construction des maisons provisoires, l’approvisionnement en matériaux et les plans d’aménagements des villes et villages.

En outre, Bonnet fut désigné pour présider un « Comité de pré conciliation » qui arbitra 550 millions de dommages industriels. Après l’achèvement de cette tâche écrasante, au début de 1925, Bonnet fut chargé des services ordinaire et vicinal d’Eure-et-Loir. A peine remis d’une maladie qui l’avait durement atteint, Bonnet avait repris son service avec son ardeur habituelle, mais il a succombé à la tâche.

On peut lire sur un document administratif le concernant après sa mort : « Dans tous les postes, fort lourds, qu’il a occupés au cours de sa longue carrière, Bonnet a manifesté les plus belles qualités professionnelles et morales. D’une haute valeur technique et administrative, d’une activité inlassable, d’une grande modestie, Bonnet a consacré toutes ses forces à la chose publique. Passionné de travail, il n’a jamais connu le repos. Sa perte est douloureusement ressentie par tous ceux qui l’ont approché ».

jmahrim@yahoo.fr

Sur la photo : Mustapha Jmahri et le petit-fils de Fréderic Bonnet lors de sa visite à El Jadida en 2013