Published On: dim, Juin 18th, 2017

Eric Fottorino entre un père tunisien et un « Maman » marocain

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Par Mustapha Jmahri (écrivain)jm

Eric Fottorino, écrivain et ancien directeur du journal Le Monde, est de père marocain. C’est d’ailleurs ce qu’il ressort d’un livre Questions à mon père paru chez Gallimard (2010) et qu’il a consacré à ce père invisible et absent. Mais l’auteur n’a jamais porté le nom de son père, Maurice Maman, gynécologue marocain de confession juive de la ville de Fès. Il porta, au contraire, le nom de son père adoptif, Michel Fottorino, auquel il voua une admiration toute particulière. Ce dernier, kinésithérapeute né en Tunisie, lui avait donné beaucoup plus que le nom, les valeurs essentielles dans la vie : le goût de vivre, la passion du vélo et l’art de ne jamais abdiquer. Pour rendre hommage à ce père très présent dans sa vie, il lui consacra un récit au titre révélateur L’homme qui m’aimait tout bas, livre paru chez Gallimard un an plus tôt, en 2009.

Il s’agit, en fait, dans ce dernier ouvrage, d’un récit poignant consacré à Michel Fottorino qui s’est suicidé d’un coup de carabine dans la bouche, le 11 mars 2008, sur un parking de La Rochelle. L’auteur du récit, né Eric Chabrerie, était le fils unique d’une infirmière bordelaise, Monique Chabrerie, qui a connu le père biologique d’Eric, Maurice Maman, lors de ses études de gynécologie à Bordeaux en France. Mais cette relation ne s’est pas terminée par un mariage car la famille Chabrerie, ultra-catholique, s’opposa à leur union et répudia la fille-mère qui mit seule au monde son enfant, Eric, à Nice, le 26 août 1960. La famille catholique ne vit pas d’un bon œil cette liaison de leur fille avec un juif marocain, Maurice fils de Mardochée, petit-fils de Yahya, juif berbère analphabète

C’est ainsi qu’Eric a grandi en vouant une affection débordante à son père adoptif et en éprouvant un certain ressentiment envers son père biologique. Il ne rencontra son vrai père, pour la première fois, qu’à l’âge de 17 ans. Ce jour-là, le docteur Maman l’ausculta dans son cabinet médical et lui trouva « des jambes marocaines ».

Dans le récit L’homme qui m’aimait tout bas, notre écrivain relate en page 105 qu’enfin, le jour de son mariage avec Nathalie, près de La Rochelle, il put réunir ses deux pères ensemble. Et alors qu’aucun des deux n’avait assisté à sa naissance, là, en ce jour de cérémonie du mariage, les deux pères furent réunis pour la première et dernière fois.

Eric Fottorino visita Fès, ville natale de son véritable père. Il raconte : « Lorsque je me suis rendu à Fès, j’ai rencontré des amis d’enfance de mon père. Quand ils m’ont vu arriver, ils ont cru que c’était mon père tellement je lui ressemble ».

 

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