Published On: sam, Sep 10th, 2016

Suppression de la discipline Paléontologie (علم المتحجرات) du cursus universitaire marocain

Share This
Tags

ecoloParmi les dysfonctionnements du système LMD dont il a été question lors de la 3ème Journée Pédagogique organisée (en vue de son évaluation) durant le mois de février 2013 dans les universités marocaines, la Paléontologie est l’une des disciplines lésées par ce système. De par sa place à l’interface des Sciences de la Vie et de la Terre, cette discipline nécessite, pour l’étude des restes des êtres vivants disparus, des connaissances de base en Biologie comme, parmi d’autres, la Génétique etl a génétique des populations, la Biologie moléculaire, la Zoologie, la Botanique, l’Anatomie comparée et la Systématique. La mise en place de ce système a, en effet, rompu les liens « naturels » qui liaient ces deux domaines des Sciences Naturelles. La contrainte du volume horaire imposé par le système des Modules a conduit, tout simplement, à supprimer ces matières (de Biologie) des enseignements dispensés dans la filière des Sciences de la Terre. De ce fait, il est devenu difficile, sinon impossible, de cibler des étudiants-chercheurs pour les former dans le domaine de la Paléontologie.

Suite aux recommandations dégagées des travaux des Journées Pédagogiques précitées et des Premières Assises Nationales de la Recherche & Développement dans le domaine des Phosphates (Skhirat 12 et 13 septembre 2013), le ministère de tutelle a procédé à la révision des différentes filières. Des commissions nationales, regroupant les Chefs des départements et les Responsables des différentes filières, ont été ainsi constituées. Afin de remédier à ce problème, des suggestions ont été faites dans le sens de réintroduire les éléments de Biologie, indispensables pour le bon suivi et l’assimilation des cours de la Paléontologie, et transmises à la commission Filière des Sciences de la Terre(et de l’univers !) .

A la lecture du projet final de la Filière STU 2014 qui vient d’être adopté (tronc commun national S1 à S5), il est triste de constater que la Paléontologie n’a pas eu le traitement qui sied à la place qu’elle occupe dans les Sciences de la Terre. Non seulement les éléments de modules de la Biologie n’ont pas été réintroduits comme souhaité, mais l’unique module de « Paléontologie évolutive » qui traite des principes et méthodes d’investigations dans le domaine de la Paléontologie, ne figure plus dans l’architecture de la nouvelle filière de Géologie. Tout s’est passé comme s’il ne restait qu’à donner le « coup de grâce » à cette discipline, fondamentale et pilier de la Géologie, à l’image des êtres vivants disparus, objet de ses investigations.

Il devient maintenant sûr de ne plus former de jeunes chercheurs paléontologues. Et, nous n’avons pas le droit de négliger et/ou supprimer une discipline fondamentale, du cursus universitaire marocain de la sorte.

Il est utile de souligner que, vis-à-vis du marché du travail, la Paléontologie est une discipline très prometteuse. Pluridisciplinaire, elle couvre plusieurs domaines de recherche susceptibles de générer des opportunités de l’emploi, sans parler des postes dédiés à l’Enseignement. En plus de son intérêt fondamental dans la reconstitution de la très passionnante histoire de la Vie et de l’Homme sur la Terre, elle concerne la Stratigraphie et la Biochronologie (Datation des terrains toujours en usage); la Géodynamique des Bassins sédimentaires(Reconstitutions paléogéographiques et Paléobiogéographiques); l’Environnement (Reconstitution des paléoenvironnements); la Muséologie (Protection et préservation du patrimoine national) et le Géotourisme(Education, sensibilisation et protection du patrimoine national) pour ne citer que les matières de Géologie.

A noter, également, que l’enseignement des matières de la Biologie dans la filière des Sciences de la Terre offrirait aux étudiants des avantages de formation leur permettant plus d’ouverture sur le marché de l’emploi comme l’a été dans l’ancien système BG1-2, et B3-4 et G3-4, dans le cas où ils ne poursuivent pas des études en Géologie, surtout que la plupart d’entre eux quittent le domaine de la Géologie et même l’université pour une raison ou une autre.

Il ne faut, surtout, pas oublier que le Maroc est mondialement célèbre par de nombreux sites fossilifères de tout âge (Anoual, Argana, Azilal, Goulmima, Kem Kem, Phosphates crétacés-paléogènes, Tazouda…) et même des restes d’Hommes préhistoriques (Rabat, Salé, Irhoud…). De plus, les enseignements d’une discipline traitant du patrimoine national cadrent bien avec les orientations récentes en matière du Développent durable et de la Protection du patrimoine national.

Enfin, il n’est pas sans intérêt de rappeler que l’université Chouaïb Doukkali, El Jadida, aurait pu tirer profit de la convention de recherches paléontologiques des très riches faunes de Vertébrés des phosphates crétacés-tertiaires du Maroc dont elle était signataire avec le Ministère de l’Energie et des Mines et le Groupe OCP, pour former un à deux étudiant(e)s (voire même plus ; il y a autant de sujets de recherche que de groupes d’êtres vivants dans ces dépôts). Opportunité que les collègues du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, également partenaire de ladite convention, n’ont pas laissée passer, puisqu’ils ont formé quatre docteurs paléontologues français et d’autres thèses du doctorat (sur du matériel fossile marocain) en cours de préparation contre zéro étudiant(e)s marocain(e)s.

Aussi, est-il crucial de réserver à la Paléontologie un traitement qui correspond à son importance scientifique dans la formation des étudiants et des chercheurs dans les Sciences Naturelles, et dans l’éducation et la sensibilisation à la protection du patrimoine national et le respect de l’environnement.

About the Author

-

laissez un commentaire

XHTML: You can use these html tags: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>