Par Mustapha Jmahri (écrivain)

 J’ai vu plusieurs fois le docteur René Bouganim dans les années soixante alors que je n’avais qu’une douzaine d’années. Je ne l’ai pas vu en auscultation en tant que malade mais simplement quand il entrait ou sortait de chez lui. Sa villa était une des premières dans l’avenue principale du quartier du Plateau. J’empruntais quotidiennement cette avenue pour aller à mon école et je le rencontrais généralement après le déjeuner alors qu’il revenait de son cabinet sis dans la rue Lescoul en centre-ville. Je rencontrais également son épouse, Solange, femme très fine et très élégante, actrice principale dans la troupe de théâtre d’André Adigard.

Marocain de confession juive, le docteur Bouganim a commencé à exercer la médecine vers 1956 d’abord à El Jadida, puis à l’hôpital de Sidi Bennour où il était, à la fois, médecin, pharmacien et responsable de l’hygiène. Il sera nommé, par la suite, médecin-chef de l’hôpital de Marrakech avant de s’installer dans le privé à El Jadida.

Quand vint le temps où les docteurs Verdier, Lauzié et bien d’autres médecins partaient sous d’autres cieux, le Dr Bouganim quitta le Maroc pour la France en 1975. Je ne devais entendre parler de lui que plus tard vers 1980. Un ami fonctionnaire, en congé à Aix-en-Provence et voulant prolonger ses vacances, eut la surprise de se retrouver dans le nouveau cabinet du Dr Bouganim qui lui délivra sans hésiter le certificat médical désiré.

Quelques décennies plus tard, lors de la préparation de mon livre « Médecines et médecins à El Jadida » paru en 2015, j’ai pu dénicher les coordonnées du Dr Bouganim qui avait alors déjà cessé d’exercer. Sa femme a pu évoquer leur vie à El Jadida et son expérience théâtrale. Je me suis également entretenu avec leur fille Anouk, ex-pharmacienne, qui était en classe à l’école primaire Charcot avec le romancier Fouad Laroui.

L’histoire de la santé à El Jadida comme celle de ses acteurs est très longue. J’ai essayé dans mon livre « Médecines et médecins à El Jadida » préfacé par le Dr Mostafa Akhmisse d’en tracer succinctement la chronologie depuis l’époque portugaise jusqu’aux lendemains de l’Indépendance. A la fin du livre, j’ai présenté en ordre alphabétique de petites notices sur les médecins et les pharmaciens de l’époque.

Pour les lecteurs intéressés par cette histoire, je les invite à lire ce livre disponible en librairies à El Jadida, Casablanca, Rabat, Sidi Bennour et Marrakech.

jmahrim@yahoo.fr