Published On: jeu, Juil 14th, 2016

De la maison Chèvre à l’Institut français d’El Jadida

Share This
Tags

        Par  Mustapha Jmahri  (écrivain)-_-

Le bâtiment occupé actuellement par l’Institut français d’El Jadida a été, au temps du Protectorat, une villa de fonction. C’était l’immeuble octroyé à l’ingénieur Marcel Chèvre, ingénieur des Travaux Publics de la ville, d’où son nom : « la maison Chèvre ». Dans le cadre de ses fonctions, cet ingénieur avait supervisé la construction de plusieurs édifices dans la ville et c’est ainsi qu’il a suivi la réalisation du chantier de cette villa dont il fut le premier résident. Cela a été confirmé par sa petite-fille, Mme Marie-Blanche Arnaud, dans son témoignage paru dans mon livre « Paroles de Mazaganais » publié en 2007. D’autant plus que cette maison s’élevait dans la « rue Chèvre » qui rendait hommage à ce même ingénieur. Le bâtiment se trouvait juste à côté de l’école Notre-Dame des Flots qui porte aujourd’hui un autre nom. Cette école fut fondée par le père Musard, un Franciscain.

Depuis 1982, la villa Chèvre a connu un certain regain d’activité : elle fut utilisée comme antenne de l’Institut Culturel français de Casablanca. A l’origine, la villa se limitait à quelques pièces, garage et jardin avant d’être agrandie comme il apparaît aujourd’hui. Son personnel d’alors était très réduit et se résumait à un directeur français, une secrétaire et une femme de ménage. Le premier directeur fut un enseignant de l’école Charcot.

Cette première structure n’offrait pas beaucoup de choix dans sa programmation. Elle proposait l’accès à une petite bibliothèque et, de temps en temps, des conférences. La projection de films se faisait dans un autre endroit : une ancienne salle disposant de bancs en bois, à l’école Charcot dans ce qui fut jadis le camp militaire français dit « camp Réquiston ». Au début, les cours de français du soir n’avaient pas encore été institués.

Cette antenne devint autonome de l’Institut Culturel de Casablanca en 1985. En tant que journaliste, j’étais déjà un adepte connu de cette structure et le projet d’écrire sur la ville commençait à effleurer mon esprit. J’avais alors suggéré au directeur de l’antenne d’organiser une table ronde autour du thème « L’histoire d’El Jadida racontée par ses anciens habitants » à laquelle avaient pris part une dizaine d’anciens jdidis marocains et étrangers que j’avais invités. Parmi cette poignée de personnes, aujourd’hui décédées, figuraient : Mme Paoletti, épouse du chirurgien français Antoine Paoletti, l’assureur marocain Nissim Benatar, président de la communauté juive d’El Jadida, Lucien Borgia, collecteur municipal des droits de porte au temps du Protectorat, Albert Mallanchini, d’origine italienne né à El Jadida, et Lahoucine Brighet, comptable d’origine algérienne.

L’intérêt suscité par cette première rencontre de 1987 justifia qu’elle soit rééditée à deux reprises en 1988 et 1989. Ces trois tables rondes répondaient au souhait de ceux qui s’intéressent à l’histoire locale de la cité et notamment beaucoup de jeunes.

Là, je voudrais ouvrir une parenthèse : quand l’antenne devint indépendante de l’Institut Culturel de Casablanca, c’était surtout pour des raisons financières. A la veille de ce changement, j’avais assisté, au siège de l’antenne, à une rencontre entre le directeur de l’Institut Culturel français de Casablanca et d’une vingtaine de personnes locales comprenant des professeurs et des cadres. Lors de cette rencontre, ce directeur nous expliqua, si je m’en souviens bien, que la France commençait une ouverture de plus en plus accentuée vers certains pays d’Europe de l’Est d’où la réduction des budgets traditionnellement alloués au rayonnement de la culture française dans d’autres pays.

En 1993, l’antenne indépendante devint l’Alliance franco-marocaine. Ce fut, à mon sens, une alternative pour impliquer davantage les Marocains à la gestion quotidienne et financière de cet organisme. Les cours de français payant allaient connaître un engouement sans précédent, ce qui justifia l’agrandissement du bâtiment par la construction de classes dans l’espace du jardin et par la modernisation de l’accueil et de la médiathèque. Après la phase de l’Alliance franco-marocaine qui a duré plus d’une quinzaine d’années, « la maison Chèvre » est devenue désormais : l’Institut français d’El Jadida.

benatar et jmahri à institut

jmahrim@yahoo.fr

About the Author

-

Displaying 2 Comments
Have Your Say
  1. SEGNI Guy dit :

    Bonjour,
    C’est moi-même, alors directeur de l’école Charcot, qui ai proposé d’utiliser l’ancienne villa du Consulat inoccupée pour créer un centre culturel. Le conseiller culturel a donné son accord pour que je fasse rénover la villa. J’ai réalisé les plans pour avoir une belle salle de bibliothèque, un bureau d’accueil et des salles de classes au premier étage. C’est en 1985 que j’ai eu le plaisir d’ouvrir ce centre qui a obtenu un vif succès.

  2. Après avoir été l’antenne de l’Institut français de Casablanca, nous ne pouvons qu’être haureux de découvrir qu’à son tour, l’Institut français d’El jadida a ouvert depuis plus d’un an son antenne à Sidi Bennour.
    Nous ne pouvons souhaiter à ce joyaux de la culture française que des jours meilleurs, ainsi qu’un rayonnement culturel sans précédent.

laissez un commentaire

XHTML: You can use these html tags: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>