Published On: mer, Juin 29th, 2016

L’historien et traducteur chevronné Si Mohammed Chiadmi n’est plus

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par Mustapha Jmahri (écrivain)chiadmi

Une mémoire d’El Jadida et du Maroc en entier s’est éteinte en ce mois sacré de ramadan 1437 de l’hégire. Mohammed Chiadmi Hajji Sbai est décédé le 9 juin 2016 à Rabat suite à une longue maladie. J’ai connu le défunt au début des années 1990 et, plus tard, il a bien voulu témoigner pour mon livre intitulé : « Souvenirs marocains, El Jadida au temps du Protectorat » paru en 2009 et aujourd’hui épuisé. Dans cet ouvrage des personnalités jdidies m’ont confié leurs sentiments et leurs vécus lors de la période du Protectorat français sur le Maroc. Il avait consacré son témoignage à l’incident survenu en 1920 entre son grand-père Si Mohammed ben Tahar Chiadmi et le président du conseil municipal de Mazagan à l’époque.

Le défunt est né en 1924, à Mazagan-El Jadida, au sein d’une famille pieuse composée à la fois d’oulémas et de soufis. C’est grâce à cette atmosphère qu’il a été imprégné, dès son jeune âge, par la culture religieuse au sens général du terme. Il a donc appris très jeune le Coran et commença son initiation aux sciences islamiques parallèlement à ses études primaires. Poursuivant ses études secondaires à El Jadida, il profita de l’encadrement et du savoir de son père, le jurisconsulte Si Smaïl Chiadmi, son grand-père maternel, le cadi (juge) Abou Chouaïb al-Mabkhout, le jurisconsulte Si Mohammed al-Hattab, le cadi Si-Bahboubi et le cadi Si Ahmed Zemmouri.

Il couronna sa formation universitaire par l’obtention d’une double licence en histoire-géographie et en lettres arabes ainsi que du diplôme de traduction délivré par l’Institut des Hautes Etudes marocaines de Rabat (l’ancêtre de la faculté des lettres). Il débuta sa carrière dans l’enseignement en 1945 comme instituteur à Azemmour puis à l’école des fils de notables à El Jadida. Il sera par la suite professeur dans différents lycées à El Jadida, Sefrou, Azrou et Tanger. Il occupa également les fonctions de proviseur de lycées et de délégué du ministère de l’Education Nationale dans les provinces de Settat, Khouribga et Casablanca.

Il fut ensuite appelé par son ministère pour y exercer les fonctions de chef de service pour la recherche et l’action pédagogique avant d’occuper la fonction de directeur général de l’enseignement secondaire et technique jusqu’en 1971. Par la suite, il s’était vu confier deux fonctions en même-temps : celle de directeur de cabinet du ministre de l’Education Nationale et celle de délégué permanent du Maroc au sein du Comité consultatif pour l’éducation et l’enseignement dans le Maghreb Arabe.

En 1973, il fut nommé inspecteur général au ministère des Habous et des Affaires Islamiques et, de 1977 à 1984, il sera nommé par Dahir, au poste de Secrétaire général du Parlement marocain.

Historien chevronné et écrivain connu, il a notamment publié, outre plusieurs manuels scolaires d’histoire et de géographie, divers ouvrages historiques sur les Doukkala, région à laquelle il a consacré plusieurs publications importantes. Il a traduit les deux tomes se rapportant aux Doukkala dans la collection « Villes et tribus du Maroc ». Au-delà de la simple traduction, il a enrichi le corpus de ses commentaires et de ses ajouts pertinents. Sa collaboration à la rédaction de l’Encyclopédie du Maroc a été très appréciée puisqu’il en a rédigé 68 articles. Mais le travail qui lui valut une haute estime et fera briller son nom au Maroc et dans le monde, notamment dans le continent africain francophone, c’est sa traduction du Saint Coran en langue française publiée par  les éditions Tawhid à Lyon en 1999 et dont les éditions depuis lors se poursuivent  tant en France qu’au Maroc. Pour ce travail de traduction de longue haleine, il fut décoré, en 2010, par SM le Roi Mohammed VI du Wissam de récompense nationale (Al Mokafaa Al Watanya) au rang de Commandeur.En effet, cette traduction du Coran en langue française est considérée comme la traduction officielle pour le Maroc et elle est utilisée dans les pays africains francophones.

Par décret du 31 juillet 1970, il fut également nommé chevalier de l’ordre des Palmes académiques par le ministère français de l’Education nationale pour services rendus à la culture française.

Qu’il repose en paix.

 

jmahrim@yahoo.fr

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  1. Farid dit :

    Rahimo Allah.
    Un grand Monsieur

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