Par: DEGANS Alain-_-

La récente altercation entre un jeune jdidi se portant au secours de deux jeunes filles importunées par un individu venant tout juste de sortir de prison où il avait effectué une peine de 10 ans sur 15 pour justement un crime sanglant, a ravivé la polémique sur l’insécurité grandissante, certains journalistes locaux qualifiant la situation d’anarchie. L’altercation s’est soldée par deux coups de couteau portés en plein coeur par le criminel à l’encontre du jeune homme qui est décédé dans son transport à l’hôpital. Quelques jours après, le criminel en fuite s’est constitué prisonnier.
Un épisode d’un fait divers lamentable…
Pour autant, doit-on considérer El Jadida comme une ville ayant basculé dans une insécurité galopante ? Il est un fait qui laisse souvent sans voix les européens de la ville : les marocains sont pour l’essentiel des gens calmes et chaleureux mais on constate parfois que de petites altercations peuvent faire s’élever les tensions sans toutefois, dans la grande majorité des cas, en arriver à des extrémités irréversibles. Il nous semble que beaucoup d’armes blanches se -promènent dans les rues… Les américains ont leur fusil, les marocains leur couteau… On ne s’en remet pas aux forces de l’ordre et à la justice pour régler des différends, on se fait justice soi-même…
Alors oui, on peut raisonnablement  voir dans tous ces actes de pratiques barbares, les maux d’une société et, en l’occurrence, d’une ville soumise à une pression démographique galopante et à un chômage endémique. On se dit que ce qui se produit sous nos yeux à El Jadida est la réplique d’une situation vécue dans nos grandes villes européennes et qui n’en finit pas de produire ses effets, qui produit des apartheids parmi des populations censées être égales en droit… De même, nous nous posons la question de cette frénésie dans la construction d’immeubles dans notre ville d’accueil. Les leçons tirées des erreurs des architectes européens, n’ont-elles donc eu aucune emprise sur la conception du futur d’El Jadida ? Ces « barres d’immeubles » que l’on voit fleurir un peu partout mais principalement sur l’ancien aérodrome, sont ces mêmes barres que l’on détruit en France… La promiscuité, le désœuvrement, la drogue, la petite et grande délinquance sont souvent le produit de cette conception erronée d’une architecture qui avait pour but louable de donner un toit à tous. Les mêmes causes produiront, à n’en pas douter, les mêmes effets…
Alors, El Jadida, insécurité galopante ? Nous craignons que cette interrogation ne devienne affirmation… Il est temps que les autorités de cette ville en prennent conscience…