Published On: lun, Mai 25th, 2015

DE MAZAGAN A EL-JADIDA : LES AUTODIDACTES DE SPORTS

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jhAujourd’hui, on peut dire que les mazaganais de ma génération, ceux qui sont nés dans les années 50 dont l’extrait de naissance porte le sceau de la république française, savent ou plutôt ceux qui ont pris le même chemin sportif que moi ; n’ont rien appris sportivement parlant à l’école primaire ! Et pour cause, le sport n’était pas au programme scolaire en cette période…Actuellement, cette discipline figure dans le programme de belle lurette mais la pratique n’y est, parait-il, qu’à un pourcentage très, très faible, presque dérisoire ! A titre d’exemple, à l’échelon provincial d’El-Jadida, une seule école compte dans son programme scolaire, la matière éducation physique sportive            ( E.P.S). Peut-être que le manque d’infrastructure y est pour quelque chose ainsi que l’absence de formation sportive pour les enseignants dans le primaire… Et c’est au collège que la grande porte s’ouvre aux petits sportifs de la rue ! Ceux qui n’avaient que cet espace pour y déposer deux pavés comme poteaux ou leurs cartables… Et que la partie de football commence, sans arbitre. Pas besoin, ils sont tous arbitres ! Leurs ainés se retrouvaient, soit au plateau, soit à Sidi Bouafi, soit à Nor Al-Kamar pour disputer des matches de football inter quartiers…Aujourd’hui, ce n’est plus possible, sur ces espaces, on a bâti, successivement, lycée Abou Chouaib Doukkali, collège Halima Sadia et un hôtel abandonné, juste à côté de son ainé, l’hôtel Marhaba, lui aussi, ainsi que les cabines de la plage sont abandonnés ! Un vrai cimetière de béton en plein cœur du beau site d’El-Jadida, la plage !  Alors que reste aujourd’hui comme espace libre pour la jeunesse jdidie pour s’initier voire pratiquer le sport qui les attire ? Pour être sincère, je dirai tout simplement ; la plage…D’ailleurs durant, les vacances scolaires voire les longs week-ends, la plage d’El-Jadida affiche complète à marée basse ! moult matches de football, quelques parties de beach-volley, des ateliers de gym par ci, des plateaux de culture physique par là et pas mal de jeunes filles et garçons de 7 à 77 ans font leur footing, chacun à son rythme…Dans toute cette ébullition sportive, certains adultes, à la recherche de calme et de concentration, font de la pêche au lancer leur sport favori ! A marée haute, quand les vagues sont au rendez-vous, les surfeurs se régalent à flirter avec les belles lames d’eau comme elles et ils aiment…Et si Eole s’y met, bonjour les planches à voile, les vauriens, voire le jet-ski…Et quand, la grande bleue est calme, plate, avec ou sans palmes, les nageurs téméraires s’attaquent à la traversée vers les tétrapodes de la jetée « Lmoune » ! Les plus en forme d’entre eux, généralement les maitres-nageurs, retournent sur place à la plage, les autres prennent le temps de se reposer, de bronzer, et retour au sable après une bonne heure de relâchement…                                                            « LMOUNE » ! C’était aussi le terminus des apprentis nageurs autodidactes. Ces derniers entamaient, seuls, après familiarisation avec les petites vagues de la plage, leur première nage à « Charrige Labgare », un immense troue de l’autre côté de « Lmoune, juste sur la jetée de la mer de Side Daoui. En cet endroit, peut-être, sophistiqué par les éleveurs de bétail du coin pour le lavage de leurs vaches ! Il fait environ, 6 mètres de circonférence et 1,20 m de profondeur. Les normes idéales pour tous ces courageux bambins (ouled derb) qui ne savaient pas, que veut dire la peur, d’oser s’y jeter pour apprendre à flotter, dans l’espoir qu’un beau jour, ils le feront librement dans les eaux profondes de « Lmoune » ! Après ce premier pas le « charrige labgare», on passe au second « TANIYNE »…Permettez-moi, avant de dire la suite de l’aventure de nos nageurs autodidactes, d’avoir une pensée à la mémoire de feu Larbi boussalhame, l’homme qui sauva un bœuf de la noyade d’un éleveur qui se lamentait sur la rive de la mer de « Side Daoui » dans les années 60 ! Donc, « Taniyne » ; comme son nom l’indique, veut dire en « darija » : deuxièmement. C’est l’appellation de la place sise à l’entrée de « Lmoune », pratiquement face au club nautique d’El-Jadida ; un club créé par les français où leur progéniture s’initiaient à la nage, au water-polo, ski nautique et sport de voile. Les petits marocains de « Taniyne, s’aventuraient, des fois, à la nage, jusqu’au club nautique…Un test qui leur permettait l’admission de nager avec les grands de « Lmoune ». Il faut le faire, car tous ces petits issus des quartiers avaient du courage à revendre et de l’audace pour le faire et, chemin faisant, réussir ce défi avec soi-même…Une épreuve pas facile à vivre, vue les contraintes de l’époque ! Entre autre, les hommes pédophiles qui supervisaient « Lmoune » tout en buvant au bas des escaliers des bouteilles de rouge qu’ils avaient arrachées du ventre des ploucs qui les cachaient dans leur ceinture à la sortie de l’épicerie du coin ! La crainte d’une descente de la police ou tout simplement, se faire casser la gueule par les adolescents des quartiers à traverser avant d’arriver à « Lmoune » …Ne parlons pas de la « fallaqa », la tannée donnée par le père, au cas d’un doublage de classe… Le collège, comme déjà annoncé auparavant, c’était la porte qui donnait accès à tous les enfants admis en A.S.S. (association scolaire sportive) de pratiquer leur sport favori. Notamment en athlétisme ; les courses de vitesse, de haies et du demi-fond, les sauts, les lancers ainsi que les sports collectifs… Quel sentiment de bonheur à la lecture de votre nom sur le tableau de l’ASS, placardé sur le mur du collège ! Ce bonheur trouve toutes ses dimensions quand le professeur d’EPS vous propose de joindre le club civil de la ville et la belle salle couverte de sports qui se transformait en bal à l’occasion du réveillon et à d’autres circonstances que seules les autorités municipales connaissaient le secret ! Celle dont je me rappelle très bien, c’était le radio crochet que les jeunes vacanciers de la radio française (ORTF) avaient organisé en juillet 68. Et pour cause j’y ai chanté. Voilà.                                                                                                                                                                                           Avant de boucler cette histoire, j’aimerais saluer de tous ces gamins dont le père a travaillé dans le haras de chevaux de Mazagan. Ces derniers ont eu la chance de vivre avec la première conquête de l’homme, le cheval. Chose qui était inaccessible par les enfants des quartiers !

ABDELLATIF CHERRAF                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

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