Published On: sam, Mai 23rd, 2015

De Mazagan à El Jadida…

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jouet tire boulettes toupie - Copiebidonflute

JOUETS ET JEUX ANCESTRAUX DE MON ENFANCE…

Le jeu est une activité physique ou intellectuelle visant au plaisir, à la distraction ; divertissement récréation. Ce qui sert à jouer : acheter un jeu de dames, d’échecs, de scrabble, de cartes, de dés, etcetera… A part, les billes, la toupie, et jeu de cartes espagnol qui étaient à la portée du gosse gâté du quartier ou la petite balle jaune usée qu’on ramassait du clos de tennis le dimanche d’un tournoi où on comptait les marocains sur les doigts de la main, on ne pouvait que faire appel au système « D » ! Ce système « D », on l’a, quelque part, importé de la campagne où la nature nous apprend à nous démerder pour nous divertir !

Car comme vous n’êtes pas sans savoir, nous autres les enfants des années 60, on ne choisissait pas la destination des vacances. Nos parents aussi d’ailleurs ! C’était la coutume ; on ne voyageait qu’une fois, c’était au bled durant les trois mois des vacances à l’époque…Le père recommandait au chauffeur du car de déposer sa progéniture ; il s’agit de feu mon frère et moi, à côté du « Bire Al Ouasti », route « Tlita » Lahnanouwa…( Ouled Sidi Abd Ettibari ) se reconnaitront ! Une fois, lâchés par le car, mon frère prenait les rennes de la charrette de mon oncle qui était à notre réception. Moi, je courais derrière, heureux d’être libre des tracasseries du quartier et des courses imposées par ma mère ! Et ce durant 90 jours. Une sensation et un plaisir indescriptible…Arrivés à la « Khaima », mes grands-parents, comme à l’accoutumé, nous serrèrent fortement contre leur poitrine tout en mitraillant, mon frère de questions concernant la santé de leur fils et sa moitié, feus mes parents. Après les « salamalek » et un bon « bercoucache », on se retrouve enfin entre enfants sur le toit de la « tazota » à contempler les grenadiers et les grosses grenades à déguster après une galopade à dos d’âne où la fabrication d’un tire-boulette voire une fronde pour chasser les oiseaux ! Mon neveu excellait dans la fabrication des jouets comme la flûte « lirra », un bout d’osier avec sept trous, le violon, la guitare ; synonymes de bidons d’huile avec un bâtonnet enfoncé à la place du bouchon, des clous de cordonnier aux pôles du bâtonnet, suivant le nombre de cordes en crin, et le tour est joué. En guise d’archet, une branche tendue de crins pour jouer au violon ! C’est de lui, par ailleurs, qu’on a pris le virus de confectionner nos jouets, je pense… Ainsi, durant ma petite jusqu’à ma grande enfance, j’ai le souvenir, à l’image de mes camarades du quartier, d’avoir utilisé le pied de la feuille qui tombait du long palmier pour y clouer des capsules en métal de bouteilles de limonade, comme vélo moteur « Al-Motor » avec lequel on faisait des compétitions de course sur route. On sophistiquait aussi la voiture avec une caisse de bois qu’on piquait au marchant de légume du coin ! Il suffisait de clouer la caisse sur un support, toujours en bois, muni d’un mécanisme de roulement ; quatre petites roues en fer que le mécanicien du quartier nous donnait avec le sourire. Avec nos engins on déboulait l’avenue Richard d’Ivry. De l’actuelle boulangerie, pâtisserie, Charlotte (ex villa madame Tricot), voire de chez monsieur le Fou à la pharmacie Maenniti… A l’époque, seuls les étrangers, en majorité des français et quelques familles marocaines aisées possédaient des voitures. Feu, Bouchaib Bouchtia et docteur Bouganime se distinguaient par leur grande chevrolet-Fury ! Les titis, peureux bricolaient des hélices en feuilles cartonnées de cahier ou de plastique (le fond d’un bidon d’huile découpé) qu’ils fixaient à la crête d’un bout d’osier et , chemin faisant, couraient, en le brandissant, dans tous les sens, heureux que leur invention tourne au gré du vent ! Les amateurs de football, peaufinaient des petites pelotes en morceaux de chutes de tissus, ou en rondelles fines de chambre à air de vélo. Les mordus de la téléphonie, créaient leur système de communication à distance, d’abord avec la boite de cirage et un bout de ficelle et puis avec les gobelets de raibi…N’oublions pas, les jeux de la roue ; la gente du vélo qu’on s’amusait à pousser avec un bâton ou un bout de fil de fer. A délivrer, le jeu qui consiste à délivrer un coéquipier de la prison en surprenant la sentinelle en passant en courant entre elle et le prisonnier tout en criant « délivrer ».  «  Haut les mains » qu’on jouait généralement, entre garçons, durant la période de «Aîchoura » armés des pistolets à cartouche de bouchon de liège ! La toupie « bangra bla tahlal ». Les billes « dix-vingt » et « Tmoune »…                                                                                                                 Ainsi que « mala », spécialité des filles qui adoraient jouer avant tout à « Tikchbila »… « Mala » ; jouer aux osselets, lancer et rattraper sur le dos de la main de petits objets de matières quelconque en forme de petits os ainsi que le jeu des épingles que les gamines s’amusaient à pousser d’un point vers l’autre avec le doigt qu’on avait pas le droit d’utiliser au second tour ! Le saut individuel ou à plusieurs avec l’élastique. La marelle : jeu qui consiste à pousser à cloche-pied un palet dans les cases d’une figure tracée sur le sol. Le cerceau, cercle de plastique que les enfants s’amusent à pousser devant eux et que les filles excellent à faire tourner autour des hanches !                   Tous ces jeux, filles et garçons, les pratiquaient sous le regard des retraités du quartier dont les rigolos adorent le jeu de dames ! Et pour cause, on suspendait à l’oreille du perdant, à chaque partie perdue, une carotte, un navet, un oignon, une aubergine voire un pneu d’une voiture autour du cou… Ou bien le faire reculer d’un empan du damier. Opération qui met le perdant, de plusieurs parties, dans une drôle de position ; presque à plat ventre pour jouer ! Situation qui fait exploser de rire les passants…Sur cette belle note se termine mon histoire que j’espère, quelque part, elle vous a fait plaisir.

ABDELLATIF CHERRAF    

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