Published On: jeu, Mai 21st, 2015

Nostalgie…« Al Halqa entre Jdida et My Abdellah… »

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 halqa Nostalgie, pour moi, ne veut pas dire uniquement ; mal du pays, tristesse, mélancolie, mais tout simplement souvenirs d’enfance. Comme des mouches, en cette période de convalescence, mes souvenirs, de la grande enfance voire d’adolescence, voltigent autour de mon espace d’alité, m’interpellant pour parler de la halqa disparue à jamais de ma ville mais, peut-être, toujours vivante dans les souks ruraux dont celui de Moulay Abdellah, exception faite durant la période du moussem ! Et pourtant, vous n’êtes pas sans savoir que la halqa est l’origine du théâtre !

 Les halqas se formaient suite à l’appel d’un ou de plusieurs de ses animateurs géographiquement parlant dans les moussems environnants de Sidi-Moussa et Moulay Abdellah. Le premier n’existe plus ; le béton l’a tué ! Le second compte parmi les plus grands du pays. Et c’est là, uniquement là qu’on peut faire découvrir la halqa à ses enfants. J’en parle par ce que c’est là, justement, que j’ai vu, le fameux dompteur d’âne ; Hazoute dont le numéro consistait, tantôt à faire fumer une cigarette par le nez à l’âne, tantôt à l’endormir…Bien sûr, qu’il y avait d’autres hlaqis à Moulay Abdellah mais celle de Hazoute en valait le détour. Car les autres thèmes on pouvait les suivre à El-Jadida. Précisément, au souk lakdime, face aux attaras où vivaient quelques arbres qui offraient aux badauds de l’ombre et aux gamins téméraires une tribune naturelle ! Les autres espaces du spectacle de la rue se trouvaient, place Bouchrite, sous l’ombre du vieux et grand arbre, toujours là. Heureusement pour tous ces travailleurs à la tâche qui sont toujours là à la quête d’une bricole ou deux ! Cet arbre est, en quelque sorte, le second toit de ces ouvriers à l’attente d’un boulot providentiel ! Cet énorme caoutchouc était aussi le parasol des halqates de la place. Le troisième coin spectacle gratuit spécial halqa se tenait à côté du marché de gros de Lala Zahra… Chaque espace avait ses spectateurs chez les adultes. Les enfants, en grande majorité, des garçons, passaient en vue tous les espaces cités. Certains, pour régler leur compte, retrouvaient, la place Attaras où la halqa spécificité la boxe les attendait ! Là, nos jeunes pugilistes versaient une pièce de 20 centimes chacun à l’arbitre de la halqa qui en était aussi l’animateur. Ce dernier, au fur et à mesure qu’il lançait ses appels aux badauds, gantait les antagonistes, qui prenaient des airs de méchants, prêts au combat sur un ring en terre battue, les cordes, un cercle de curieux fiers et heureux de découvrir le sport noble ! D’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi on l’appelait ainsi. Jouxtant le cercle des boxeurs, le père et fils Ben Mankar, armés de long, fin, flexible et résistant bâton, en guise d’épée, se donnaient à cœur joie à exécuter une partie d’escrime au grand bonheur des gens qui les entouraient… De temps en temps, au moment opportun, il fallait marquer le point en frappant la hanche de l’adversaire protégée par une choukara. Il fallait voir, la dextérité de ces escrimeurs, la synchronisation de leurs mouvements, leur complicité dans le jeu et leur habilité dans le déplacement. Une vraie chorégraphie digne des grands danseurs ! On ne peut pas parler de Hazoute sans évoquer celui du grand Oueld Qarride ! Le troubadour qui composait ses œuvres en langue Doukkali, faisait plier de rire sa clientèle de Lala Zahra avec ses anecdotes uniques et son franc parler. Sa renommée l’amena jusqu’au Roi, feu Mohammed V.                                                                        Les mélomanes, en général, trouvaient la musique populaire à travers les trois pôles de la halqa. Cette musique n’était chantée que par des hommes dont certains se permettaient de se déguiser en « chikha » juste en portant une « dfina » et un foulard, la « taarija » sur l’épaule et la cigarette au bec, façon de montrer qu’ils sont des hommes. Et oui, à l’époque, la femme ne fumait pas… Et les « chikate » ne sont visibles qu’au mariage ou dans les moussems ! A l’image de Cachebal et zeroual il y avait le duo Dwaiwe et Naânniâ… Et pour tout ce qui est acrobatie, mais rarement, des fois, durant la période des grandes vacances, les dompteurs de singe, quelques acrobates et des gnaouis désertent la place Jamaa Lafna de Marrakech pour venir passer l’été à El-Jadida. Ces derniers joignaient, l’utile, les numéros qu’ils offraient en spectacle aux badauds doukkalis à l’agréable, la fraicheur dégagée par l’océan.

                                                                                                                                                    ABDELLATIF CHERRAF                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               

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