Published On: dim, Août 31st, 2014

PLAGES

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Écrit par Mustapha Labraimi-_-_

Encore quelques jours avant que la rentrée scolaire n’intervienne et que les plages du pays ne soient désertées. L’afflux massif des Marocaines et des Marocains vers le littoral montre non seulement l’attrait de plus en plus grandissant de cette destination estivale, mais aussi et surtout leur volonté confirmée d’avoir des vacances. Il suffit de se rendre au bord de la mer, de la moindre crique à la plage la plus étendue, pour se rendre compte de la marée humaine qui bouge au gré des vagues ou s’étale sur le sable pour bronzer, jouer ou faire un business quelconque. Il faut dire que la population est là, insouciante, cherchant à profiter au maximum des plaisirs au bord de la mer, à tel point qu’elle donne l’impression qu’elle ne souffre d’aucun manque.

La taille s’est améliorée avec des silhouettes élancées, même si le corps ne répond pas toujours aux normes canoniques de l’esthète. L’obésité s’annonce beaucoup plus chez la gente féminine alors que la proéminence de l’abdomen est un signe typiquement masculin. Au niveau du comportement, celui-ci reste malheureusement révélateur du sous-développement du pays, malgré l’apparence de la modernité. Les estivants ne se soucient que d’eux-mêmes, aucun égard pour l’autre et encore moins pour la plage sur laquelle ils se trouvent. C’est le personnage de Boundif, chantre pour des plages propres qui doit en souffrir! Les efforts des collectivités locales et de certaines entreprises nationales qui sponsorisent certaines plages pour la maintenance du «pavillon bleu» restent modestes alors que la propreté des plages, et celle des rues attenantes, reste le dernier souci des estivants. Les enfants et les jeunes semblent moins sensibles à cette responsabilité alors que les adultes n’assurent pas et ne sont même pas pédagogiques. Cet aspect semble se corréler dans une grande mesure avec la stratification sociale latérale qui se remarque le long du littoral autant que la densité de la population qui l’occupe. En général, les agglomérations se distinguent selon le rang social des occupants alors que la construction d’immeubles s’accroît aussi bien au niveau des plaines littorales que sur les versants en pente vers la mer. Le respect du domaine public maritime diffère d’un lieu à l’autre et le ramassage des déchets solides n’est pas toujours efficient. L’assainissement liquide constitue un défi majeur simultané à cette littoralisation saisonnière, mais massive. Le parking des voitures est un casse-tête de tous les instants. Seule la consommation semble florissante et malgré les suppléments imposés sur les prix, les estivants dépensent leurs économies sans rechigner. Favoriser l’accès d’un public élargi aux vacances nécessite un grand effort de normalisations et de régulations en améliorant l’offre et l’accueil comme il nécessite une approche respectueuse de l’environnement. L’impact de l’aménagement du littoral sur sa morphologie et sa dynamique est reconnu à travers le monde.  On ne peut que reprendre à ce sujet l’avis de M. Berriane, membre correspondant de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques qui souligne  que «cette occupation des zones côtières détermine un processus d’urbanisation où la demande en résidences balnéaires se dirige aussi et de plus en plus vers des sites non contrôlés et échappant à toute intervention des pouvoirs publics. Pourtant l’urbanisation excessive, rapide et parfois anarchique du milieu naturel côtier est l’une des conséquences environnementales les plus dramatiques. Cette urbanisation aboutit à une durcification irréversible du front de mer et à une privatisation de fait d’un espace appartenant au patrimoine national. Les pollutions diverses dues à une urbanisation rapide et soutenue et non accompagnée de la mise en place de système de gestion adéquat des déchets solides et surtout liquides augmentent encore davantage les atteintes à l’environnement côtier.». Sans parler du dragage des fonds littoraux pour la commercialisation du sable dont certains veulent généraliser la pratique sans mesures préalables déterminées par la loi pour préserver l’intégrité des côtes et les écosystèmes qu’elles abritent. Le droit aux vacances doit s’accompagner d’une responsabilité symétrique entre l’état, les collectivités locales et les Marocaines et les Marocains pour assurer au littoral un développement durable et une gestion intégrée.È

 

 
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